Melitt

Un ensemble de petites aquarelles et dessins à la plume et fusain est aujourd’hui attribué à un artiste du nom de Melitt. Ce corpus de cinq œuvres provient d’un envoi international pour la Première Exposition d’art psychopathologique de 1950 par le Professeur Cherubino Trabucchi de l’hôpital San Giacomo de Vérone.

Le corpus comprend trois aquarelles et un dessin à l’encre représentant des femmes, peut-être des patientes. Ces quatre femmes témoignent de la vie quotidienne à l’hôpital, régie par des lectures, des travaux d’aiguille, et l’attente. Ainsi, le portrait d’homme pourrait être celui d’un gardien. Les œuvres sont réalisées avec délicatesse et savoir-faire, une importance est accordée au dessin. Les œuvres qualifiées de banales par Robert Volmat dans le compte-rendu de l’exposition de 1950 incarnent un riche témoignage historique et artistique pour l’époque, en Italie.

Les hôpitaux italiens avaient peu d’intérêt pour l’art des patients. Seuls quelques hôpitaux tels que l’hôpital de Vérone et de Rome, d’où proviennent les envois, sont considérés comme avant-gardiste sur la question de l’art en milieu hospitalier. En effet, l’hôpital de Vérone est connu pour avoir mis en place au début des années 1950 un atelier de peinture, initié par le sculpteur Michael Noble et le professeur Mario Marini et animé par le peintre Luigi Maria Veronesi (1899-1987). Veronesi est un artiste qui s’exerce dans la peinture de paysage et la scène de genre. Il a véhiculé un enseignement classique au sein de l’atelier, où les exercices étaient basés sur des séances de modèle vivant et de dessin d’observation. 

Le caractère classique des œuvres italiennes a causé le désintérêt des psychiatres, car elles ne correspondaient pas aux attentes esthétiques l’époque pour des œuvres de patient. En ce sens, des recherches complémentaires ont été réalisées sur une œuvre de la Collection Sainte-Anne du nom de C.Motalle, tombé dans l’oubli. L’œuvre est une sanguine qui représente un vieil homme dormant la bouche ouverte. La qualité du dessin et le choix d’une technique traditionnelle telle que la sanguine pourrait en effet provenir de l’atelier de Veronesi. L’étude de la signature de l’artiste et du style permet de supposer que l’œuvre de C.Motalle et celles de Melitt seraient en réalité un corpus du même artiste. Si cette hypothèse venait à se confirmer, cet ensemble italien représenterait un corpus varié et riche en technique et savoir-faire. La Collection Sainte-Anne s’attèle à valoriser cet ensemble au sein de ses expositions et des recherches complémentaires afin de faire toute la lumière sur ces œuvres singulières.