Bettini F. (?-?)
L’unique œuvre conservée dans la Collection Sainte-Anne de l’artiste Bettini est d’une grande symbolique. Ce dessin à la mine de plomb et à l’encre rouge représentant une Madone, est l’unique élément que nous ayons concernant cet artiste. L’œuvre a fait partie du don international à l’hôpital pour la Première Exposition d’art psychopathologique de 1950 à Paris. Elle provient de l’hôpital San Giacomo de Vérone et a été envoyée par le professeur Cherubino Trabucchi. L’étude de la stylistique et de l’iconographie peut en effet également renseigner sur l’origine de cet artiste.
Dans le compte rendu de l’exposition de 1950, Robert Volmat définit comme telle l’œuvre de Bettini : « Cas 183. Bettini F…, psychose paranoïde. Plume à l’encre rouge, représentant le visage d’une Madone. Marges couvertes d’inscriptions. ». Propre à cette époque, la réception critique des œuvres n’est pas toujours évidente. Lorsque l’on se penche sur les multiples références artistiques et culturelles que comprend ce dessin de Madone, la culture de l’artiste est certaine. L’œuvre est une imbrication entre le dessin et les inscriptions en italien qui viennent saturer l’espace de la composition.
En premier lieu, la représentation de la Madone est très codifiée. Elle respecte les éléments iconographiques classiques que sont les yeux clos, le visage penché vers le bas signifiant la compassion en portant le voile. La représentation de la Madone semble être une immaculée conception. En effet, Bettini a inséré dans le coin supérieur gauche de sa composition un sigle qui reprend la croix et le « M » symbole de la vierge Marie ainsi que les étoiles et le croissant de lune de l’assomption. Ces deux significations ensemble, forment l’immaculée conception, qui est inscrite tout à fait en haut de la composition (concezionne).
Le texte en italien évoque notamment la statue de la Madone de Pompéi de l’église Santa Maria di Loreto, le nom de Michel-Ange, ou encore le sculpteur Giovanni Dupré, dont un croquis de son Abel Mourant semble être dessiné par Bettini à droite de la composition. Enfin, l’artiste a joint un croquis de la coupole de la Basilique Saint-Pierre du Vatican ainsi que l’aigle romain, l’emblème des légions romaines. De plus, la technique du dessin est précise avec une utilisation de la hachure et une bonne maîtrise des volumes et des proportions.
Ces représentations, ancrées dans l’histoire et dans l’histoire de l’art, témoignent d’une culture visuelle et religieuse importante. L’origine italienne de l’artiste se reflète dans les sujets traités. Il partage de multiples connaissances de la religion, l’architecture, la peinture et la sculpture, dans une œuvre qui symbolise la culture italienne.
Bettini F.
L’aquila divina celesta bianca (L’aigle blanc divin céleste)
1ère moitié XXe siècle
Crayon noir et encre rouge sur papier
19 x 16 cm
MAHHSA
Inv. : 0272
© CEE-MAHHSA Dominique Baliko