Claude Brun (1914 - ?)
La Collection Sainte-Anne conserve dix gouaches sur papier de Claude Brun, réalisées lors de son hospitalisation à Sainte-Anne de 1951 à 1954. Dédiées pour la plupart au docteur Deniker – sauf une à sa fille -, les œuvres sont de petites tailles et sont représentatives d’une pratique artistique homogène. Les compositions de Claude Brun sont caractéristiques d’une utilisation équilibrée des couleurs, où le rouge occupe une place centrale.
Les textes et les multiples motifs se référant à la politique et la religion s’entremêlent dans l’œuvre de Claude Brun. L’artiste utilise l’écriture au verso de ses œuvres sous forme de notes manuscrites. Celles-ci renseignent sur sa biographie et la sémantique de certaines œuvres. Claude Brun a pris le soin de les expliciter et cela semble témoigner d’une volonté de conservation de son art. Dans une de ses notes, il fait la demande de vernir son œuvre car « cela protège les couleurs et complète l’esthétique d’ensemble (1) », puis rajoute « à vernir au tampon et non au pinceau (2) » afin de donner des indications.
Des œuvres de Claude Brun ont été présentées à l’exposition Paris-Paris 1937-1957 au centre Georges Pompidou en 1981 (3). L’exposition avait pour ambition de retracer les pratiques plastiques françaises de cette période où le surréalisme, l’abstraction et l’art brut ont fait irruption sur la scène artistique. La présence d’un artiste issu de milieu hospitalier dans un tel événement permet de le confronter aux artistes de sa période et de l’insérer dans l’histoire de l’art. Claude Brun a, à plusieurs reprises, mentionné dans ses œuvres des noms d’artistes tels qu’Henri Matisse (1869-1954) ou Pablo Picasso (1881-1973), mais également des courants comme le modernisme et l’abstraction. À travers ces citations, Claude Brun propose un regard critique sur l’art de son temps. Au-delà de citer pour faire communiquer son art avec l’art moderne, il pose la question de la légitimité de ces artistes et de sa propre place sur la scène artistique. Cette analyse témoigne d’une connaissance certaine de la vie artistique de son époque et rejoint le dialogue porté par le propos de l’exposition Paris-Paris de 1981.
(1) Note manuscrite au dos de l’œuvre datée du 18 mars 1953 inventaire 0090.
(2) Ibid.
(3) LIONEL-MARIE Annick, LLOPES Marie-Claire, THOMAS Michèle (dirs.), Paris Paris 1937-1957, cat.exp., Paris, Centre Georges Pompidou, 1981.