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LA COLLECTION CONSERVE DE NOMBREUX ÉCRITS, DONT VOICI QUELQUES TRANSCRIPTIONS

Minus et Goliath disparus

1. Auguste Millet
Minus et Goliath disparus

du Vendredi 16 juin 1928.

M. le Dr. Charpentier.

Souvenir de Mlle Maximowitch,
no 254 bis Minus et Goliath disparus.

L’horrifiante nouvelle m’a été annoncée ce matin par Mlle Maximowitch : « Je n’ai plus mes petits chats !… » me dit-elle avec profond chagrin… « Après Minus introuvable, Goliath m’a été ravi également ». « C’est une immonde vengeance ! » répliquai-je.

Associés dans la douleur nous eûmes un soupir ineffable qui nous rendra plus forts que jamais contre les malfaiteurs puants d’âme qui sont jaloux parce que j’aime sincèrement Mlle Maximowitch.

La douleur fut si grande que la consternation stabilisa les pleurs.

Le samedi 25 août 1928 M. Loutchitch m’a remis un Coquelicot d’art de la part de Mlle Maximowitch en vacances.

Le mardi 2 octobre 1928 M. Loutchitch m’a remis une ½ carte postale de Mlle Maximowitch en vacances.

Le samedi 10 novembre 1928 M. Loutchitch m’a remis une photographie de Mlle Maximowitch qui ne revient plus, en mémoire de l’anniversaire du Souvenir et du Véritable Orphée.

Les 9 & 11 novembre 1927 je les lui avais écrits.

Le Dimanche 13 nuit du samedi 12 au 13 novembre 1927, Mlle Maximowitch est venue au milieu de la nuit en 1ère Don, 2è étage, voir mon camarade de lit Mathevet qui avait une cardialgie. J’ai pu lui remettre les 2 exemplaires.

Minus retrouvé castré est à la buanderie depuis le vendredi 12 avril 1929.

Minus revenu en 1ère Don. Minus revenu à la buanderie très malade d’avoir été battu odieusement.

Minus décédé nuit 4 au 5 juin 1929 à la buanderie.

Auguste Millet, Minus décédé

2. Auguste Millet
Minus décédé

M. Charpentier
Minus décédé.
no 353 Mercredi 5 juin 1929.

Il y a deux années, jour pour jour, 5 juin 1929 Mlle Maximowitch venait en parloir causer à ma mère (Entrevue nécessitante no 88). Cette nuit du 4 au 5 juin 1929 Minus a succombé à un empoisonnement dû à l’ingurgitation d’un rat phosphoré. Ce félin, fils de Moujik de l’Internat médical, était d’une magnifique beauté (tigre royal ocellé). Victime du devoir, le jeune Minus, âgé de 14 mois, comptait d’innombrables sympathies. Depuis le départ de Mlle Maximowitch, qui l’avait élevé, ce doux minet était triste, ayant subi pas mal de déboires, car il y a des méchants partout. Son frère Goliath avait disparu. Minus fut castré.

Hier soir, devant la buanderie, M. Thonney, conseiller municipal, le vit dans un faible état proximal le décès. Il me conseilla l’abri de l’orage pour Minus que j’installai sous notre hangar. Depuis 3 jours il ne buvait que de l’eau renouvelée sans vouloir d’aliments ni de lait. Je lui ai offert encore de la bonne viande mais il n’a pas desserré les maxillaires. Pressentant l’issue fatale, je l’ai reposé une dernière fois sur la table des ombrages frais et l’ai embrassé. Avec des larmes douloureuses je lui ai recommandé d’espérer. Hélas ! ce matin pénible spectacle : Minus avait chu mortellement après avoir vomi du sang sur sa couche d’herbe et de drap. Le sinistre grand père Lolo fuyait épouvanté alors que le délicat et fidèle compagnon Samit semblait gémir plaintivement aux côtés de Minus défunt. J’ai inhumé sa chère dépouille macabre, squelettique, une première fois, sommairement. Mais ces Dames me dirent que Minus, grand martyr, méritait un linceul blanc et mausolée souvenir. Ce soir Madame Magnolon me fit remplacer mon chérubin funèbre un peu plus profond (55 cm). La brave dame l’enveloppa elle-même dans un linge immaculé et épinglé. J’embrassai encore Minus et le plaçai tendrement pendant que Mme Magnolon le couvrait de branches de lilas et de lierre. En pleurant je recouvrai de terre la tumulaire place où dort le jeune félidé Minus regretté comme un enfant chéri. Nous partîmes et rencontrâmes M. le Docteur Loutchitch que nous mîmes au courant.
Auguste Millet

Ps. – Il y a un peu plus de 2 ans, nous perdîmes Ramina, chat noir empoisonné également.

Auguste Millet, Minus en magnitude funèbre

3. Auguste Millet
Minus en magnitude funèbre

M. Charpentier

Minus en magnitude funèbre.

Ce matin Dim. 21 Juillet 1929 Minus a eu son cercueil, petite caisse qu’il affectionnait de son vivant aux petits fours à vapeur de la buanderie. Depuis le 5 juin 1929, jour de l’inhumation, le cadavre de Minus est en début de putréfaction. L’extrémité des membres et le crâne sont déjà squelettiques. Samit et Furet assistaient à la cérémonie, ils sont toujours tristes au souvenir macabre de leur ami regretté. J’ai recouvert onctueusement la chère dépouille une nouvelle fois au même endroit et ai disposé la croix et la barrière tumulaires mieux qu’auparavant, de façon à placer des mirabilis-nyctages blancs et d’autres végétaux honorifiques. Les humbles cailloux qui recréaient Minus sont posés délicatement autour du tombeau. Mlles Meunier, Fraty et La Muette de la Clinique vinrent saluer le nouveau catafalque.

Auguste Millet

Maurice Blin, la messe à l'hôpital Ste-Anne

4. Maurice Blin
Reportage : La Messe à l’Asile Ste Anne

Mais qui donc renversa le vase sacré, qui se brisa dans un bruit de Tonnerre ?

Blin Maurice

Reportage
La Messe à l’Asile St Anne

D’y avoir si souvent assisté, médité, réfléchi, petit à petit, des étrangetés, des rites, comme on n’en voit nulle part ailleurs, des choses incompréhensibles, même à un bon catholique, ont pris un sens, une signification, se sont groupés en images, et les images, ont appelé
les souvenirs.

C’est peut être la messe la plus ancienne du monde, on a toujours honoré la Vierge, même chez les Païens, je dirais, surtout chez eux, on se souvient ici, cela a laissé des traces, des Sacrifices humains ! l’Église a été obligée de reconnaître le Seigneur, ce qui la reliait, par un seul mot, à d’antiques coutumes, qu’il faut bien connaître, avant d’en mal dire. Le Bon Jésus, avait rallié bien des cœurs chez les païens, par ce que Jésus est Jésus, pensez le comme vous voulez, Ici, à St Anne, Il est le Saint des Saints, en une formule religieuse, dont on ne peut se passer pour maintenir fidèle et durable l’amitié de Rome et de la République.

Mais, allons au vif ! Entrons en cette chapelle, par l’escalier à double accès dans la nef ! Saluons, par devant, la Ste Vierge, une relique et de très jolie facture, puis, nous engageant dans l’allée centrale, en lui tournant le dos, comptons environ 6 à 8 pas, retournons nous, faisant face à l’autel, asseyons nous, bien que debout, le chef d’œuvre soit visible, tournons nos yeux, vers la gauche, ils seront arrêtés par un groupe statuaire de la plus haute envolée… un groupe fraternel, digne de Michel-Ange !… Un homme superbe, parmi d’autre a tous les attributs d’une paternité sincère, fortement membré, de ses muscles puissants, il étreint son Frère, celui qui porte les étendards, nulle fausse pruderie, on sent, on voit, qu’il est fier d’être un homme, il est ému, il émeut, des femmes nues volent autour de ces athlètes, des couronnes de fleurs dans les mains, pour glorifier le muscle, et aussi des amours, et tout cela, est beaucoup plus ancien que le Christ,… qui d’ailleurs, par la suite…
– 12.7.59 –

Maurice Blin, Histoire d'Asile

5. Maurice Blin
Histoire d’Asile (1959)

Histoire d’Asile

Quand je quittai l’Asile de Villejuif, pour l’Asile St Anne, l’Asile Villejuif ayant été occupé militairement par des dégourdis sans fortune, un certain Mr Fort, un noble vieillard qui avait la manie de s’éplucher les doigts à sang, me dit : Mr Blin, je voudrais vous entendre jouer du violon.

C’était un musicien aussi, on l’appelait le Père Coupe. Toujours ! Lui demandait-on de faire interpréter une fantaisie TAVAN, par ses « sbires », qu’il sabrait des passages entiers, et des meilleures, au gré de sa fantaisie, Ce qui l’intéressait, c’était de voir comment ça faisait, d’un morceau joué par l’un ou par l’autre des violonistes qu’il voulait surestimer ou sous-estimer ! (St Général, Mr Duprat, 2e section)

Essayez un peu ! Vous verrez si c’est bête ! Ce n’est pas au jeu du virtuose, parfois en herbe qu’il s’intéressait, comme, par exemple, Mr Menuhin, l’as Américain, c’est aux réactions de l’entourage, chez les auditeurs !

Alors, j’ai joué pour Mr Fort, très connu à St Anne, où il travailla dans les Bureaux, et Mr Fort, souvent, fut très satisfait… et à cette époque, on fonda beaucoup d’espoir sur nos travaux d’ensemble, car le personnel, ne citerais-je que Mr Lemaître du 5e quartier 2e section, coopérait loyalement à ces essais, interrompus, je ne sais comme.

Ce n’était pas de la musique à la mécanique, et ça marchait drôlement bien ! (Simon, Infirmier.) Je me rappelle, quand nous jouâmes le petit Chaperon-Rouge ! quel succès grand Dieu ! Enfin, à votre disposition, si vous voulez essayer, prêtez moi un violon S.V.P. Blin

Alfred Passaqui, Souvenir de ce beau pavillon Percy - 1

7. Alfred Passaqui
Souvenir de ce beau pavillon Percy

Souvenir de ce beau.
Pavillon Percy
Alfred.
Passaqui.

Besancon le 1er-10-1959

À monsieur Girard.
Docteur de ce beau.
Pavillon Percy.

Comme vous maviez demander un dessin je m’empresse de vous le remettre ce n’est pas qu’il soit très beau, mais je suis content de le remettre à un Docteur, car c’est un honneur pour moi, je sai que j’en ai pas mal et autre mais je vous remerci d’accepter ce dessin, car je vois que l’on s’intéresse à Moi et cela me fait plaisir. Seulement je demanderait ci un jour je sois malade ou blesser d’avoir recour à vous docteur pour me réserver une place dans ce beau pavillon Percy, et je pense que oui car on ne pourra pas me le refuser, car j’aurai laisser beaucoup de souvenir d’un gracieux Malade comme on en vois rarement dans ce beau pavillon Percy. Ayant fini mon petit Discourt. Docteur

Recevez d’un gracieux Malades ces Sincères Salutations.
Passaqui Alfred

Alfred Passaqui, Souvenir de ce beau pavillon Percy - 2

8. Alfred Passaqui
Souvenir de ce beau pavillon Percy

Souvenir de ce beau.
Pavillon. Percy.

Besancon le 2101959

Je viens par ce dessin vous Remercier des bons soins que j’ai reçu de vous.

Ma soeur je puis dire qu’au Pavillon Percy il y a des soeur Modèle et j’en ai fait la Remarque dès que je suis arrivé dans ce beau Pavillon Percy et je Souhaiterais d’un grand cœur qu’il si en trouve dans les hopitaux et clinique.

Car vous êtes des Sœurs serviables dévoués et assidu à votre travail. Maintenant fini ce petit Discour.

Recevez d’un gracieux malade ces cincères Salutations.

– Alfred Passaqui