Le Musée d’Art et d’Histoire de l’Hôpital Sainte-Anne voit le jour sous sa configuration actuelle en juillet 2016, rebaptisé après l’obtention de l’appellation Musée de France. Devenue trésor national, la Collection Sainte-Anne est désormais inaliénable et le MAHHSA est reconnu premier musée hospitalier en France. Le résultat d’un très long cheminement.
En 1981, quelques œuvres de la Collection Sainte-Anne avaient été présentées au Centre Georges Pompidou pour l’exposition Paris-Paris, qui avait rassemblé des productions artistiques d’origines diverses, d’une même époque : la première moitié du XXe siècle. En 1996, le Musée réalise sa première exposition d’œuvres de la Collection Sainte-Anne ouverte au public. S’ensuivent des présentations régulières in situ, et hors les murs : tout d’abord à la Galerie Saint-Germain de l’Université René Descartes, en 2000, puis à la Galerie Nationale du Jeu de Paume en 2003, ainsi que dans de nombreux pays étrangers.
Alors que les nombreuses collections particulières de médecins témoignent, dès le XIXe siècle, d’un intérêt vivace pour « l’art des fous », Jean Dubuffet définissait dès 1949 son concept « d’Art Brut » comme un art exempt de toute référence culturelle.
Par ailleurs, de véritables expositions d’art, ouvertes au grand public, ont été organisées dès 1946 au sein de l’Hôpital Sainte-Anne. En 1950, l’Exposition internationale d’art psychopathologique, visitée par un public très nombreux, présentait les œuvres de« patients-artistes » de différents pays du monde.
Cette exposition fut fondatrice de l’histoire de la constitution de la Collection et de la genèse du Centre d’Étude de l’Expression.
Robert Volmat en constitua un premier répertoire dans son ouvrage dédié L’art psychopathologique, paru en 1956. Il ouvrait la voie à tout un courant d’analyse des œuvres de malades mentaux, qui consistait à trouver dans leurs productions picturales la manifestation de leurs maladies, d’où la création du concept d’« art psychopathologique ».
Le corpus constitué dès 1950 à Sainte-Anne se trouve au carrefour de ces concepts et s’en différencie dans le même temps. Il rassemble des œuvres de la seconde moitié du XIXe siècle jusqu’à nos jours, réalisées par des artistes-malades inscrits dans leur temps et dans une culture artistique.
Deux fonds distincts : le fonds muséal
Il est constitué des dons reçus à l’issue de l’Exposition internationale d’art psychopathologique de 1950, mais aussi d’autres œuvres anciennes réalisées en dehors d’un contexte psychothérapeutique. Celles-ci proviennent d’hôpitaux du Brésil, de l’Inde, de l’Italie, de la Suisse, mais aussi de collections personnelles de psychiatres français et étrangers. Les plus anciennes, datent du XIXème siècle, elles ont été faites de façon spontanée ou avec l’encouragement de psychiatres qui avaient découvert chez leurs patients un talent artistique, ou une façon de soutenir leur intérêt.
Ce fonds comporte des œuvres de factures très diversifiées. Certaines sont maintenant reconnues comme appartenant à la catégorie de l’Art Brut (s’y retrouvent notamment quelques grands noms de l’art brut tels qu’Aloïse Corbaz, Gaston Duf, Guillaume Pujolle et Albino Braz), d’autres sont à rapprocher de celles produites par les artistes contemporains, d’autres enfin valent pour la profondeur de leur expression et la qualité de l’émotion qu’elles font naître chez le spectateur.
La Collection Sainte-Anne n’a cessé depuis 1950 de s’enrichir, de dons de divers institutions ou particuliers, mais aussi de certains patients-artistes qui ont travaillé dans les ateliers d’art-thérapie. Actuellement, près de 1.800 œuvres sont inscrites à l’inventaire réglementaire du Musée.
Le fonds scientifique ou Collection d’étude
Il est beaucoup plus important en nombre. Il est constitué d’œuvres réalisées depuis près de 60 ans au sein d’ateliers thérapeutiques. En effet les patients qui les fréquentent, s’ils sont propriétaires de leurs œuvres, choisissent souvent de les laisser. Il appartient alors au Centre d’Étude de l’Expression, et à l’hôpital, de les conserver et de les protéger. Ce fonds comporte aujourd’hui près de 70 000 œuvres qui sont toutes numérotées et archivées.
Cette Collection se poursuit, comme trace de parcours de vie et comme support de travaux de recherche phénoménologiques ou esthétiques.
La Collection Sainte-Anne devient Musée de France
La Collection Sainte-Anne a reçu en 2016 l’appellation “Musée de France”.
Plus que jamais, nos missions seront de conserver, restaurer, étudier et enrichir la collection, mais aussi de la rendre accessible au public le plus large, de concevoir et mettre en œuvre des actions d’éducation et de diffusion visant à assurer l’égal accès de tous à la culture et de contribuer aux progrès de la connaissance et de la recherche ainsi qu’à leur diffusion.