Sabado Quinterni (1923 - ?)
Sabado Quinterni est un artiste brésilien dont les œuvres ont été envoyées par le docteur Mario Yahn en 1950 pour la Première Exposition d’art psychopathologique à Paris. Hospitalisé à l’hôpital du Juquéri, Sabado Quinterni a participé à l’atelier d’art organisé dans l’hôpital, reconnu comme étant un véritable « laboratoire de recherches artistiques». Peintre publicitaire de formation, Sabado Quinterni est spécialisé dans l’art de la calligraphie et de la signalétique. Pourtant, les deux gouaches conservées dans la Collection Sainte-Anne ne présentent aucunes écritures, procédé récurent dans les œuvres de la Collection. Les échanges artistiques de l’atelier du Juquéri ont certainement donné à l’artiste un nouvel élan créatif.
L’artiste s’exerce davantage dans la peinture de paysage marin, l’une étant reproduite dans L’Art psychopathologique de Robert Volmat aujourd’hui perdue et l’autre toujours conservée par la Collection. La deuxième gouache sur carton représente un joueur de flûte s’avançant vers une maison entourée d’arbres, habitée par une ombre mystérieuse. Les deux tableaux marins, l’un disparu et l’autre toujours conservé, semble être une sorte de série. Les deux scènes se déroulent sur la mer calme, le même motif de barque est représenté. L’une conduite par un homme, l’autre échouée sur la côte sans présence humaine. Sabado Quinterni nous offre à voir deux versions d’un même sujet peint.
Les trois œuvres connues de l’artiste livrent une maîtrise de la peinture, de la colorimétrie et du dessin, même si la perspective est à l’état de tentative. La facture de l’artiste réussit à faire ressentir des émotions au spectateur, par le biais de la couleur et du mouvement, notamment dans la représentation du ciel tourmenté de la peinture à la barque.
Un dernier élément plastique intéressant à souligner est le cadre de ses œuvres. En effet, l’artiste s’est préoccupé de fournir un cadre à ses compositions, peint par lui-même d’un trait rouge épais et ondulé. Ce procédé est visible sur les deux œuvres conservées dans la Collection. Tel que le socle de la sculpture, le cadre sépare l’image du reste de l’espace. Grâce au cadre, l’œuvre devient précieuse dans son écrin. Le cadre est un élément qui continue d’être questionné par les artistes notamment en art contemporain, sur sa nature et sa fonction. Ainsi, le fait que Sabado Quinterni ait eu la conscience d’encadrer son œuvre témoigne d’une connaissance des codes de l’art et de sa volonté de faire œuvre d’art. Cet élément de son processus de création soulève également des questions relatives au statut de l’artiste et des œuvres dans une collection telle que la Collection Sainte-Anne.
