Jean Veillet

Composé de quatre petites huiles sur papier, le corpus d’œuvres de Jean Veillet est régi par une unité iconographique, stylistique mais également chromatique. Les peintures représentent des paysages sans figuration humaine dans des tons verts, bleus et jaunes. Les peintures, qui pourraient être considérées comme une série, ont été recueillies dans le service du Docteur Bergeron, médecin à l’hôpital de Villejuif où Jean Veillet était hospitalisé.  L’étude de documents relatifs à L’Exposition d’Art Pathologique qui eut lieu lors du Colloque International sur la Chlorpromazine en 1955 permet de connaître l’existence d’autres œuvres aujourd’hui perdue « peintes en épaisseur» ayant comme thème « des fruits, et des fleurs aux tiges coupées». Plusieurs éléments nous permettent de penser que Jean Veillet pouvait être familier avec l’art de la peinture. D’une part, les compositions sont maîtrisées avec l’utilisation du point de fuite, de la profondeur et de la superposition des plans. D’autre part, l’iconographie du paysage associée à la peinture à l’huile évoque une œuvre traditionnelle voir classique de l’histoire de l’art. Enfin, l’artiste use du procédé de la touche directionnelle, initiée par le peintre Paul Cézanne (1839-1906). En plus de définir la couleur et la matière de l’objet, la touche directionnelle va, par son orientation verticale, horizontale, de biais, vers le haut ou vers le bas, définir le volume et apporter du mouvement à l’objet figuré. Ajoutée à l’épaisseur de sa peinture, la touche de Jean Veillet lui permet ainsi de créer une série de peintures texturées et dense. Enfin, l’artiste signe toutes ses œuvres. La convention de la signature n’est pas systématique chez les artistes de la Collection Sainte-Anne. Pour Jean Veillet, elle semble jouer un rôle particulier dans la composition, étant systématiquement rehaussée d’une couleur en harmonie avec le reste et donnant une impression de maîtrise du geste. Cette conscience de la signature permet d’imaginer que l’artiste avait d’une part une connaissance de l’art, et d’autre part une estime de son travail pictural.