Guy Leroux
La Collection Saint Anne détient dans ses réserves treize peintures sur papier de Guy Leroux, artiste dont l’homogénéité et la technicité lui confèrent une identité immédiatement reconnaissable.
Son choix pictural, particulièrement efficace, consiste à juxtaposer des aplats de peintures monochromes qui donnent naissance à des visages, des formes humaines ou des paysages dont le graphisme rappel largement celui de la publicité des années 1960-1970.
Dans Art, psychologie et psychopathologie paru en 1977, C. Wiart énonce que les malades « utilisent moins de couleurs ; davantage le noir et un assombrissement des valeurs » dans leurs peintures. Ces mots reflètent en grande partie la définition de l’art psychopathologique, concept important de l’après-guerre d’après lequel les médecins appliquaient une grille de lecture aux productions artistiques de leurs patients pour comprendre leur pathologie. Les œuvres de Guy Leroux témoignent largement des limites de cette théorie. Il serait d’ailleurs vain et dangereux de chercher à comprendre la psychologie de ce peintre, alors même qu’aucun élément biographique n’est à notre disposition.
Le minimalisme des formes, l’absence de tout relief suscité par ces aplats et l’éclat intense de ses couleurs peuvent être rapprochées, à l’inverse de la pathologie intérieure, aux évènements extérieurs et notamment à la production artistique de l’époque. En pleine apogée du Pop Art qui utilise la culture de masse comme matériau conceptuel, Guy Leroux semble s’inspirer lui aussi de l’excès des affiches publicitaires de l’époque tant l’ardeur de ses compositions attirent l’œil.
Œuvres d’art ancrées dans leur temps, tel est donc le regard qu’il est nécessaire de porter sur les productions de cet artiste qui vient dérouter la définition de l’art psychopathologique.