Guillaume Pujolle
Saint-Gaudens, 1883 – Toulouse, 1971
La Collection Sainte-Anne compte sept œuvres de Guillaume Pujolle. Elles ont été données par le docteur Perret de Toulouse, à l’issue de l’Exposition Internationale d’Art Psychopathologique de 1950, à Robert Volmat alors médecin à l’hôpital Sainte-Anne et co-organisateur de cette exposition.
Né d’un père ébéniste, Guillaume Pujolle apprit le métier de son père et l’exerça jusqu’à l’âge de dix-huit ans. Il se montra particulièrement sensible à ce domaine artistique pour lequel il s’adonna principalement à un travail de restauration et de création de meubles. Dans ce cadre, il dessinait déjà beaucoup de croquis.
Il fut hospitalisé une première fois en 1926 à l’hôpital militaire de Bordeaux, puis à l’asile de Cadillac et enfin à l’hôpital Braqueville de Toulouse où il resta interné jusqu’à la fin de sa vie. C’est dans ce contexte qu’il débuta et développa sa vie de peintre. Les dessins les plus anciens remarqués par le personnel de l’asile remontent à 1935. Les plus célèbres, qui datent des années quarante à cinquante, ont été tous faits sur invitation, d’après modèles, à l’intention des médecins admiratifs qui encourageaient sa création. Les docteurs Perret et Ferdière firent notamment plusieurs commandes auprès de l’artiste qui aboutirent à deux premières collections de ces œuvres. Les motivations qui sous-tendaient ces demandes ne peuvent échapper à un questionnement, en lien direct avec le problème du « double regard », à la fois esthétique et clinique, que les psychiatres de cette époque portaient sur les productions de leurs patients. L’histoire de Pujolle illustre la complexité des phénomènes d’encouragement et d’appropriation des travaux artistiques de patients présentant des troubles psychiatriques.
Les spécificités stylistiques de Guillaume Pujolle sont explicables pas sa méthode de travail très particulière. Lorsque des commandes lui étaient faites, Guillaume Pujolle basait son travail sur les détails qu’on lui fournissait concernant le thème ou les caractéristiques formelles du projet demandé. Il s’inspirait d’images ou d’œuvres de peintres célèbres – en particulier Delacroix – et dessinait la charpente du dessin à l’aide d’instruments de géométrie, tel un ébéniste. Ensuite, il coloriait avec de la gouache quand il en disposait ou bien avec des produits pharmaceutiques auxquels il avait accès (mercurochrome, teinture d’iode, etc). Selon Stefanov, les productions de l’artiste consistaient davantage en une « déformation de l’objet représenté, dans une dislocation des formes, et moins dans une décomposition de l’objet » qui démultiplie géométriquement les points de vue d’un seul objet, comme chez les cubistes. Cet aspect de déformation de l’objet, à l’instar du travail sur les courbes et contrecourbes, est une caractéristique forte du travail de Guillaume Pujolle dont les œuvres témoignent d’un grand talent artistique.
Les œuvres de Guillaume Pujolle furent présentées à :
- Exposition Internationale d’art psychopathologique, Centre hospitalier Sainte-Anne et Chapelle de la Sorbonne, Paris, du 29 septembre au 22 octobre 1950.
- De Sainte-Anne et d’ailleurs : Collection ancienne du Centre d’Etude de l’Expression, Université René Descartes – Paris V, Galerie Saint-Germain, Paris, du 27 juin au 11 juillet 2000.
- La clé des champs, Galerie Nationale du Jeu de Paume, Paris, du 9 juillet au 28 septembre 2003.
- Rouge – œuvres de la Collection ancienne du C.E.E, Centre hospitalier Sainte-Anne, Musée Singer-Polignac, Paris, du 17 septembre au 10 octobre 2004.
- Il était une fois : Acte II, la Collection Sainte-Anne autour de 1950, Musée d’Art et d’Histoire de l’Hôpital Sainte-Anne, Paris, du 30 novembre 2017 au 28 février 2018