Gilbert Legube
Paris, 1901 – Fleury-les-Aubrais 1987
Gilbert Legube naît en 1901 à Paris et suit une formation de commis d’architecte. Il est interné une première fois en 1926 à l’hôpital psychiatrique de Fleury-Les-Aubrais, où il séjourne une grande partie de sa vie jusqu’à son décès en 1987.
La Collection Sainte-Anne possède une quarantaine d’œuvres de cet artiste réalisées au crayon de couleur ou à l’aquarelle. Provenant de Fleury-Les-Aubrais, elles furent données par le docteur Benoiston à Robert Volmat en 1955. Ce dernier présenta plusieurs fois ces œuvres, de manière anonyme, lors d’expositions ou de colloques autour du concept d’ « Art Psychopathologique ». Pour Volmat et les spécialistes de l’époque, les productions de Gilbert Legube sont symptomatiques de sa pathologie. En effet, le phénomène de répétition que l’on observe dans la production en séries de certains paysages laisse présager, selon eux, que la stéréotypie qui s’en dégage témoigne de la schizophrénie dont est atteint le peintre.
Cette perception cloisonnée du travail de Legube paraît bien réductrice et oublie de considérer la qualité artistique de ces pièces. En effet, loin d’être un seul symptôme pathologique, la répétition en peinture est une véritable perspective stylistique.
Ainsi, en 1998, Alexandre Stefanov offre une nouvelle analyse des œuvres de Legube. Selon lui, ses productions relèvent d’une véritable technicité de géologue. Les différents feuillets de dessins se présentent comme différentes vues superposées d’un même paysage. A partir de points de vue différents, l’œuvre dégage une certaine dynamique et une tridimensionnalité du sujet. Ainsi, le travail autour du relief, du mouvement et des couleurs qui interagissent en analogie font voir une variante d’un même paysage permettant de le découvrir de plus en plus en détails.
Par ailleurs, de ce travail de la répétition se dégage une étude autour du principe d’espace-temps. Ainsi, un volcan est représenté sur plusieurs dessins à différents moments de la journée, de son réveil à son extinction. Ce phénomène de répétition mouvante n’est pas alors sans rappeler les cathédrales de Monet peintes à différentes heures de la journée.
Bien au-delà d’une étude analytique concernant le lien entre production plastique et symptômes psychiatriques, les œuvres de Gilbert Legube témoignent d’une véritable technicité et de grandes qualités artistiques. Architecte de formation, on y reconnaît sa perception affinée et construite des paysages qui prennent vie dans des espaces-temps en perpétuels mouvements.
Colloque international sur la chlorpromazin, Centre Hospitalier Sainte-Anne, Paris, 1955
Bosh, Goya et le fantastique, Galerie municipale de Bordeaux, du 20 mai au 31 juillet 1957
Les défilés du même, Musée d’art moderne de Saint-Etienne, du 28 au 29 mai 1994
Hommage à Robert Volmat, Œuvres de la Collection ancienne du Centre d’Etude de l’Expression, Centre hospitalier Sainte-Anne, Paris, du 19 au 27 septembre 1998
De Sainte-Anne et d’Ailleurs, collection ancienne du Centre d’Etude de l’Expression, Galerie Saint-Germain, Université René-Descartes – Paris V, Paris, du 27 juin au 11 juillet 2000
Eloge de la répétition – Collection Sainte-Anne, Musée Singer-Polignac, Centre hospitalier Sainte-Anne, Paris, du 16 septembre au 15 octobre 2006
De l’art des fous à l’art psychopathologique. La Collection Sainte-Anne en 1950 et après ?, Musée d’Art et d’Histoire de l’Hôpital Sainte-Anne, Paris, du 14 septembre au 22 décembre 2018
Gilbert LEGUBE
Sans titre
Sans date
Fleury-Les-Aubrais
Aquarelle sur papier
20,5 x 22,6 cm
Inv. 0052
Musée d’Art et d’Histoire de l’Hôpital Sainte-Anne
© CEE-MAHHSA Dominique Baliko
Gilbert Legube
Sans titre
22 mai 1949 – 28 mai 1949
Aquarelle sur papier
18,2 x 25,1 cm
Inv. 0072
Musée d’Art et d’Histoire de l’Hôpital Sainte-Anne
©CEE-MAHHSA Dominique Baliko