ERICH SPIEßBACH (Collection Prinzhorn)
Artiste de la Collection Prinzhorn, présenté au MAHHSA lors de l’exposition Follement drôle – Wahnsinnig komisch du 30 octobre 2020 au 31 mars 2021.
(Gotha, 1901 – Münster, 1956)
Erich Spießbach est né en 1901 à Gotha (Allemagne) où il travaille jusqu’en 1923 comme dessinateur dans une usine, puis comme préparateur au musée d’histoire locale. En 1928, il est employé comme ouvrier non qualifié au musée d’histoire de Münster. Il est envoyé en 1943 à l’hôpital provincial de Münster avec le diagnostic de « folie querelleuse ».
En 1950, un médecin découvre le talent d’Erich Spießbach pour le dessin et lui fournit du papier et des crayons. L’artiste produit alors une centaine de dessins dont la plupart sont réalisés en 1951 et 1952.
Ceux-ci sont des exemples remarquables de la critique de la psychiatrie, mais aussi le témoin d’une véritable critique sociale. Spießbach fait de « la stupidité » un cheval de bataille récurrent dans ses dessins. Sa devise « Même la stupidité est un don de Dieu dont on ne peut pas abuser impunément » s’incarne alors, à la demande de son médecin, dans l’illustration d’une phrase tirée du courrier des lecteurs du journal Frankfurter Zeitung : « Tout est possible, mais le plus stupide est le plus probable ».
C’est de cette volonté d’illustration que découle une suite de dessins où Spießbach tourne en dérision la stupidité des autres. L’université, les médecins ou la justice deviennent alors des cibles de moqueries plus ou moins agressives de la part du dessinateur qui va jusqu’à créer un monument de la bêtise dédié à la ville universitaire de Münster : on y découvre un âne affligé, le dos courbé, les oreilles pendantes, les pattes atones érigé en statue dominant la ville universitaire visée par la devise « La Sainte-Bêtise, dédiée à la ville universitaire de Münster par l’abruti au triple diplôme, Erich Spießbach ».
L’humour de Spießbach fut incompris par ses médecins qui cherchaient avant tout à récolter des éléments graphiques pour conclure à un examen psychiatrique. Cela conduit l’artiste à stopper toute production de ses dessins. Il meurt en 1956 alors qu’il tente de s’évader de l’asile de Münster.