Christian Croizé-Pourcelet
(1940 – ?)
Né en 1940, Christian Croizé-Pourcelet est hospitalisé à plusieurs reprises à Sainte-Anne entre 1965 et 1969. Il fréquente alors régulièrement les ateliers occupationnels et thérapeutiques, au sein desquels sa formation artistique se déploie. Il fut particulièrement productif au cours de l’année 1965 ; la collection détient près d’une vingtaine d’œuvres de cette année.
Ce corpus, souvent organisé en séries, présente un ensemble d’une grande cohérence artistique. Ses œuvres, réalisées sur papier, convoquent divers matériaux : l’utilisation de la gouache est majoritaire, mais celle-ci est couplée de temps à autre avec l’acrylique et l’encre de Chine, créant une diversité des rendus. Chaque réalisation est délimitée par un contour épais qui donne un cadre précis au sein duquel l’artiste va exercer ses techniques. La projection prédomine dans de nombreuses compositions. Elle entraîne une présence de coulures irrégulières et aléatoires au sein d’œuvres maitrisées et réfléchies. Ainsi, les coulures semblent pourvues d’une liberté propre sur une composition parfaitement délimitée. La maîtrise est une volonté de l’artiste qu’il précise en ces termes : « tout ce que j’ai en moi, au lieu d’éclater, doit rejoindre une ligne droite ». L’aspect réfléchi de ces œuvres se traduit aussi par l’harmonie des couleurs : on distingue nettement des teintes dominantes, certaines réalisations présentant des tons froids où le vert et le bleu prévalent, tandis que d’autres révèlent une prédominance des tons chauds par l’usage du rouge et du orange.
Le geste tient une place centrale : les œuvres de l’artiste sont produites grâce aux mouvements mobiles de son corps qui participent pleinement à cette construction progressive. Les réalisations de Christian Croizé-Pourcelet rappellent ainsi l’Action Painting apparu à New-York dans les années 1950, dont Jackson Pollock est l’une des figures centrales. Il est intéressant d’observer que si l’artiste nous présente ici une construction progressive ainsi qu’une création de formes aléatoires et imprévisibles, les compositions relèvent d’un choix pleinement conscient de celui qui les produit.
Si l’on a souvent assimilé ce type de composition à une simple répétition en lien avec une quelconque pathologie, c’est avant tout un authentique travail de recherche et de technicité. Si la projection semble avoir pris une grande place dans son œuvre, Christian Croizé-Pourcelet s’est également essayé à l’empâtement et au grattage. Par l’ajout de couleurs et de coulures successives, on tend alors vers de véritables compositions équilibrées.
Exposition :
. Rien à voir. Quand la création échappe au symptôme, Musée d’Art et d’Histoire de l’Hôpital Sainte-Anne, Paris, du 13 septembre au 22 décembre 2019
. Éloge de la répétition, Centre hospitalier Sainte-Anne, Musée Singer-Polignac, du 16 septembre au 15 octobre 2006
Christian Croizé-Pourcelet
Sans titre
26 mars 1965
Gouache sur papier
65 x 49,5 cm
Musée d’Art et d’Histoire de l’Hôpital Sainte-Anne
© CEE-MAHHSA Dominique Baliko